😱Les 5 étapes de Facebook...
On a eu très peur, Facebook était indisponible. Mais pour Elena, la nuit a été bien plus longue que pour d'autres... Une fiction hors-série pour occuper votre mercredi. C'est #Virtuel(s), opus #8.
Virtuel(s) explore, de manière irrégulière, les imaginaires et notre relation au numérique. À chaque billet, on réfléchit, on imagine et on n’a pas forcément de réponses. Vous êtes aujourd’hui presque une quarantaine à suivre cette aventure écrite. Bonne lecture* ! 😉
Tout le monde le sait. Facebook a subit une panne géante rendant inaccessibles les services du réseau social, mais également ceux d’Instagram et de Whatsapp. Suite à un appel à contribution d’Usbek & Rica, on a imaginé ce que donnerait cette nuit d’indisponibilité, sans doute la plus longue de l’année… Fiction :
21h53. Le Déni.
Cela fait maintenant plus d'une heure que le réseau social est en panne. "Application introuvable" annonce en boucle le smartphone d'Elena. Au début, elle avait pris ça avec philosophie : "Pas grave, je vais faire la vaisselle et je réessaierai plus tard". "L'occasion de lire quelques pages de ce bouquin que j'ai commencé il y a des semaines !". Et puis, ses coups d'œil à son smartphone se sont faits plus fréquents. Plus frénétiques. Jusqu'à ce qu'elle tappe en continu l'icône bleue sur l'écran d'accueil, pour n'afficher qu'un seul message, en boucle. "Application introuvable".
22h45. La Colère.
Elena a tout essayé. Elle a désinstallé l'application de son smartphone et l'a réinstallée. Sept fois. Le même message apparaît toujours. "Application introuvable". Elle a essayé d'accéder à la version "Web" du réseau social. Pas plus de résultat. Elle a même ressorti ce vieil ordinateur portable qu'elle n'utilisait plus depuis près de deux ans et qui prenait la poussière sous une pile de magazines tendance, dans un coin de son salon. Rien à faire. L'énervement a pris le dessus. Le laptop a volé au travers de l'appartement, emportant avec lui ce vase que lui avait offert sa mère. De toutes façons, elle ne l'aimait pas ce vase. Les voisins doivent se demander la raison de la volée de jurons qui a accompagné ce geste... De toutes façons, elle ne leur parle jamais.
00h32. Le Marchandage.
Des réseaux sociaux, il y en a plein d'autres. C'est de ça qu'Elena essaie de se convaincre depuis une bonne demi-heure. Il y a celui avec l'oiseau, qu'elle n'utilise jamais parce que ses ami.e.s n'y sont pas et qu'on n'y voit que des discours politiques ou des nouvelles déprimantes. À minuit passé, Elena s'y connecte quand même. Elle retente l'expérience, mais sans vraiment y croire. Ce ne sont pas les mêmes contenus, pas les mêmes amis. L'humour est différent. Les photos de destinations lointaines qu'elle a pris l'habitude de liker le matin, pour rêver de ses prochaines vacances, ne sont pas là . Ce truc, c'est un réseau de substitution. Ça ne remplace pas l'"Application Introuvable" qu'elle tente d'activer encore une fois.
03h24. Dépression.
Elena n'a pas dormi une minute. Prostrée sur son canapé, les bras entourant ses genoux, elle fixe le smartphone posé sur la table basse devant elle. Il n'a plus de batterie depuis longtemps, et Elena n'a même pas pris la peine de le brancher. À quoi bon de toutes façons ? Il ne va plus lui servir à grand-chose maintenant. À part peut-être à appeler sa mère... Mais sa mère dort à trois heures du mat'.
Appeler d'autres copines ? Comment ? Elena n'avait leur contact qu'à travers les réseaux sociaux et les applications de messagerie. Elles sont toutes injoignables. Elena se sent seule, sous la lumière jaunâtre du lampadaire qui éclaire la pièce depuis la rue. Elle ne s'est jamais sentie aussi seule, depuis la fois où dans la cour de l'école...
07H17. Acceptation.
Les premiers rayons du soleil ont commencé à frapper les vitres de l'appartement. C'est l'avantage d'un appart' au quatrième étage orienté plein ouest, il est lumineux dès les premières heures du jour. Éblouie, Elena est sortie de sa torpeur. Elle n'a pour ainsi dire pas fermé l'œil de la nuit. Elle en est certaine, elle a une mine à faire peur.
Laissant son téléphone là où il est, elle simplement pris ses clés, son imperméable et ses ballerines pour sortir un peu dans la rue. Machinalement, elle s'est dirigée vers la boulangerie du coin, pas loin de son immeuble. Elle a retrouvé quelques pièces dans la poche de son trench-coat, assez pour un pain au chocolat. En lui rendant la monnaie, la boulangère l'a regardée et lui a dit "Ohlala, ça n'a pas l'air d'aller. La nuit a dû être compliquée ! Tenez, je vous offre le café !" et elle a mis en route le percolateur qui trône à côté de la caisse-enregistreuse. Elena a souri en articulant un tout petit "Merci". La journée ne sera peut-être pas si mauvaise que ça.
Est-ce que votre nuit sans Facebook a ressemblé à ça ? N’hésitez pas à partager votre expérience sur le site d’Usbek & Rica.
Voilà .
C’est tout pour aujourd’hui. 😉
Un petit mot à propos de l’auteur ? Je suis François Houste, consultant au sein de la bien belle agence digitale Plan.Net France et auteur des Mikrodystopies, de très courtes nouvelles de fiction qui interrogent sur la place des technologies numériques dans notre quotidien.
Merci de votre attention et à la prochaine fois pour parler d’autres choses !
PS1. Si vous avez aimé cette première expérience, n’hésitez pas à la partager sur les réseaux sociaux ou avec vos contacts :
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