🔥 Une saison en enfer...
Vendredi, le moment idéal pour parler de l'enfer... celui qui nous attends peut-être quand nous devrons abandonner les outils numériques face au dérèglement climatique. C'est #Virtuel(s), opus #6.
Virtuel(s) explore, de manière irrégulière, les imaginaires et notre relation au numérique. À chaque billet, on réfléchit, on imagine et on n’a pas forcément de réponses. Vous êtes aujourd’hui une vingtaine à suivre cette aventure écrite. Bonne lecture* ! 😉
*Ah oui… petite précision : quand vous voyez dans le texte un [💿], un [📗] ou encore un [📰], n’hésitez pas à cliquer dessus. C’est un lien… qui vous emmènera à un complément de lecture.
❌ La Panne
La panne devait avoir eu lieu dans la nuit, puisqu’hier encore tout fonctionnait normalement. C’était ce matin, en essayant comme tous les matins d’allumer son ordinateur de travail qu’il s’était rendu compte du bug. Impossible de se connecter. Impossible de s’identifier. Impossible d’accéder à son compte ou même de joindre la hotline du bureau.
Il jeta un coup d’œil rapide sur son smartphone personnel. Lui aussi semblait hors d’usage, tout comme la télévision. Dans l’appartement, plus rien ne semblait fonctionner…
Mais ce fut seulement quand retentirent les premiers cris dans la rue, deux étages en-dessous, que Thomas commença réellement à paniquer…
Et si on causait de notre dépendance à la technologie ? Aujourd’hui nos voitures sont intelligentes. Nos thermostats sont intelligents. Nos identités sont stockées dans de gigantesques bases de données et contrôlées en temps réel. Notre état de santé - ou de vaccination - est disponible sur notre smartphone. Bref, la technologie assiste, régule et contrôle notre quotidien.
La technologie nous est devenue aussi indispensable que la lumière.
La lumière, justement. Dans Nightfall [📕]- Quand les ténèbres viendront en français - Isaac Asimov imaginait en 1941 une planète étrange. Entourée de six soleils, elle ne connait quasiment jamais la nuit… tout juste la pénombre quand cinq de ses astres disparaissent sous l’horizon le temps de leur révolution. Sauf… sauf une fois tous les 2049 où à la faveur d’une éclipse la planète endure quinze minutes d’obscurité totale. Quinze minutes pendant lesquels la folie s’empare des hommes et toute la civilisation s’autodétruit... [💿]
Serions-nous aussi sensible à la perte du numérique que la civilisation imaginée par Isaac Asimov l’est à la perte de lumière ?
Même si les gouvernements prônent une accélération de la numérisation des administrations et des services publics… il faut bien admettre que notre mode de vie repose déjà énormément sur les outils numériques. Que l’on parle de nos habitudes - allumer son smartphone dès le réveil - de nos relations sociales - des messageries instantanées aux applications de rencontre - de nos outils de travail - emails, réseaux sociaux professionnels - mais également de l’infrastructure de notre quotidien - la TV est désormais numérique, la radio ne manquera pas de l’être prochainement.
Pouvons-nous encore vivre sans numérique ? Pourrions-nous survivre à une tempête solaire qui causerait des dégâts irréparables aux infrastructures du Net [📰] ? Pourrions-nous nous adapter à un monde où la technologie n’apporterait plus de solutions immédiates et dans lequel celle-ci serait réservée à quelques chanceux ou aux infrastructures publiques ? À l’heure des appels à la décroissance, peut-on réellement imaginer sereinement ce retour à l’avant-numérique ? [💿]
Alors que le GIEC annonce [📖] une ère assez sévère de dérèglement climatique - +2,7° en 2050 aux dernières nouvelles - la lecture de La Cinquième Saison [📗] de N.K. Jemisin - dans lequel, je l’avoue, j’ai eu pas mal de mal à me plonger - sonne d’une étrange actualité. Dans le monde imaginé par l’autrice, une saison régulière des catastrophes naturelles (volcans, tremblements de terre, obscurcissement du ciel) vient rappeler les civilisations humaines à l’humilité et oblige les habitants du continent unique à s’adapter quelques siècles à une vie précaire, dangereuse et souvent nomade avant que les cités ne se reforme et que le progrès - oui, appelons cela le progrès - ne reprenne son cours. L’homme apprend, de saisons en saisons, à s’adapter à un environnement instable, cruel, imprévisible et à anticiper sa survie.
C’est peut-être ce qu’il nous manque : ce qui s’annonce n’est peut-être que notre première saison, aussi n’arrivons-nous pas encore à imaginer les moyens de notre survie…
On complète avec quelques bricoles trouvées çà et là sur le Net ?
Trois petits liens de plus pour alimenter votre vision du monde numérique…
🌴 Les mythes ne meurent jamais. Seules les réalités s’écroulent… On rêvera toujours de la Californie mais la Californie elle-même ne fera plus rêver : pauvreté, précarité, exode de la population, sécheresse et incendies ont eu raison du rêve. On en parle là : https://www.la-croix.com/Monde/Etats-Unis-rates-reve-americain-ebranlent-Californie-2021-09-13-1201175125
🌍 Vous ne le saviez pas, mais vous en rêviez : représenter le relief terrestre de la même manière que la pochette d’Unknown Pleasures, le premier album de Joy Division. Ce site vous a enfin exaucé ! C’est ici que ça se passe : https://anvaka.github.io/peak-map/#7.68/47.727/-122.574
🚮 Et si c’était le moment de faire le tri ? Pas seulement chez vous - 👋 Marie Kondo - mais aussi dans nos civilisations ? Pour avancer alors que sévit la crise écologique, nous dit Sylvain Grisot du cabinet de conseil en urbanisme dixit, il nous faut apprendre à abandonner et laisser de côté certaines composantes de notre société. Qu’est-ce qu’on abandonne ? La question est posée ici.
Et pour finir, un peu de lecture et de musique ?
📖 Sur le thème de l’apocalypse et de notre dépendance à la technologie, on peut relire le très pessimiste Ravage de René Barjavel qui date lui de 1943. Après-tout, c’est peut-être l’ancêtre commun de tous les romans apocalyptiques et déclinistes actuels…
💿 Oui. Écoutez. Réécoutez Joy Division et les deux albums sortis du vivant de Ian Curtis.
(question bonus… si Spotify, c’est le mal - pour les artistes, pour la planète - vers quoi dois-je renvoyer mes liens quand je vous parle de musique ? Suggestions bienvenues…)📼 Comme tous les ans, on est tout fou : Blow Up, le fabuleux net-zine d’arte sur le cinéma, fait sa rentrée avec en vrac Aretha Franklin, Colin Firth, l’espace, les jeux de carte et plein d’autres choses. Ne loupez pas ça !
Un petit mot à propos de l’auteur ? Je suis François Houste, consultant au sein de la bien belle agence digitale Plan.Net France et auteur des Mikrodystopies, de très courtes nouvelles de fiction qui interrogent sur la place des technologies numériques dans notre quotidien.
Merci de votre attention et à la prochaine fois pour parler d’autres choses !
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À la prochaine !