đ Nostalgie | Cybernetruc #17
Si on parlait de nostalgie et de la façon dont elle irrigue nos imaginaires technologiques ? En invoquant cette fois Peter Fonda, Claude Sautet, André CourrÚges et encore Metal Hurlant.
Cybernetruc continue dâexplorer nos imaginaires technologiques et numĂ©riques. Ă chaque billet on divague, on imagine et on nâa pas forcĂ©ment les rĂ©ponses. Vous ĂȘtes dĂ©sormais plus de deux cents vingt Ă lire cette aventure. Bonne lecture !Â
Des [đ„], [đ] ou [đ°] ? Cliquez, ils vous emmĂšneront vers de petites madeleines ou des complĂ©ments dâinformation.
đ Utopie
Tout cela dĂ©marre par une lecture : Solarpunk [đ]. Un recueil de quelques nouvelles, premier ouvrage Ă©ditĂ© par Copie Gauche [đ»], un Ă©diteur normand qui entend dĂ©fendre une approche raisonnĂ©e et responsable du monde de lâĂ©dition. Solarpunk entre dans la mouvance rĂ©cente du Hopepunk, de lâutopie, de la science-fiction positive : un courant littĂ©raire qui sâoppose ouvertement aux dystopies traditionnelles de la SF â et de son composant le plus emblĂ©matique, le Cyberpunk [đ„] â pour dĂ©peindre un monde dans lequel les relations entre lâhomme et son Ă©cosystĂšme, sa planĂšte, sont apaisĂ©es. Si vous souhaitez des exemples concrets de romans qualifiables dâHopepunk, allez donc voir du cĂŽtĂ© des Becky Chambers [đ] â dont, oui, le Psaume pour les recyclĂ©s sauvages [đ] fait un bien fou â et Kim Stanley Robinson [đ] â dont vous aborderez alors Le MinistĂšre du Futur [đ].
La mouvance Hopepunk a fait Ă©normĂ©ment parler dâelle ces derniers mois. Simple effet de mode ou tendance de fond, ce type dâimaginaire positif ne laisse pas grand monde indiffĂ©rent. Ă titre dâillustration, Metal Hurlant â le magazine de bandes dessinĂ©es et dâimaginaire français ressuscitĂ© il y a quelques annĂ©es â y consacre son dernier numĂ©ro [đ] en posant cette question : le futur Ă©tait-il mieux avant ?
Entre de nombreux rĂ©cits illustrĂ©s, on trouve lĂ une interview de Kim Stanley Robinson himself qui insiste sur la nĂ©cessitĂ© de faire Ă©merger des imaginaires positifs, un dossier de Charles Knappek qui fait le tour des rĂ©centes publications du genre et une autre interview poil-Ă -gratter de Romain Lucazeau [đ] qui joue le rĂŽle du bad cop de service. Pour lui, lâutopie est un pis-aller, la seule Ă©motion littĂ©raire/imaginaire possible passant par la description du cauchemar cyberpunk, dystopique, dĂ©rangeant et dĂ©routant. Câest caricatural, oui. Mais Romain Lucazeau est manifestement au sommaire de Metal Hurlant pour ça.
Entre le besoin dâespoir et le besoin dâĂ©motions, chacun choisira donc son camp.
đ Berceau
Mais revenons Ă Solarpunk. Parmi les cinq nouvelles du recueil, on retiendra tout dâabord la trĂšs belle description dâun Bangkok sous les eaux dans le Entre les dĂ©combres de Lucie Heiligenstein [đ], un aperçu humain et vibrant de ce que câest de vivre, simplement vivre, dans le monde dâaprĂšs le dĂ©rĂšglement climatique. Mais on sâinterrogera surtout sur deux nouvelles : RĂ©volution permanente, signĂ©e LoĂŻc Buczkowicz et Transmissions de Colin Vettier [đ] ont un point commun. Elle dĂ©crivent un monde duquel la technologie nâa pas disparu mais oĂč celle-ci sert dĂ©sormais lâhumanitĂ© et la prĂ©servation de nature de maniĂšre juste et Ă©quitable.
Ainsi, dans RĂ©volution permanente, des zones interdites de la Terre dans lesquelles la nature reprend doucement ses droits sont surveillĂ©es par des robots et des intelligences artificielles chargĂ©s de veiller Ă leur Ă©quilibre. Dans Transmissions, la technologie est plus discrĂšte et la vie dĂ©crite ressemble plus Ă celle dâune communautĂ© hippie de la fin des annĂ©es 1960 [đ„] â tiens, on y reviendra. Dans ces deux nouvelles, aux univers assez proches, le recours â retour ? â Ă une technologie responsable nâest dĂ» quâĂ seule raison : le dĂ©part pour lâespace de lâĂ©lite capitaliste de la planĂšte. Celle-ci sâest embarquĂ©e Ă bord de fusĂ©es que lâon imagine gigantesques pour, au choix, aller exploiter les autres planĂštes et leurs richesses miniĂšres, ou Ă©chapper Ă la catastrophe climatique et attendre un temps que la Terre se rĂ©gĂ©nĂšre.
đ ApartĂ©. LâĂ©lite qui sâisole pour Ă©chapper au chaos ? DĂ©cidĂ©ment, on y revient souvent : Michel Jeury toujours dans ses Ăcumeurs du Silence dont on parlait dans le dernier numĂ©ro de Cybernetruc, ou Michael Moorcock dans son Navire des glaces [đ].
Un imaginaire de la fuite qui nâest pas sans rappeler â et je suis bien obligĂ© dây revenir â lâĂąge dâor de la SF amĂ©ricaine et les diffĂ©rents cycles dâIsaac Asimov, et notamment cette transition mise en scĂšne dans Les Robots et lâEmpire [đ] pour laquelle la destinĂ©e de lâHomme est de partir Ă la conquĂȘte de lâunivers et dây continuer son expansion, et pour cela de sacrifier lentement la Terre et toutes ses possibilitĂ©s de vie. Tous les joueurs de Civilization [đź] le savent bien : âLa Terre est le berceau de l'humanitĂ©, mais on ne passe pas sa vie entiĂšre dans un berceauâ (Constantin E. Tsiolkovski [đ]).
Lâune des bases de ce Solarpunk est donc lĂ : non pas dans lâabandon ou la modĂ©ration de la technologie comme on pourrait le croire â encore, que chez Becky Chambers la notion de modĂ©ration est plus prĂ©sente â mais plutĂŽt dans une conquĂȘte sans fin du progrĂšs qui permettrait, fort heureusement, de finalement laisser un rĂ©pit Ă la planĂšte Terre, voire dâen faire un laboratoire dâexpĂ©rimentation politique pendant que le progrĂšs continue son chemin Ă travers les Ă©toiles. Une sorte de version positive du futur long-termiste â et oui, de celui dâAsimov Ă quelques diffĂ©rences prĂšs â dans lequel la Terre doit pĂ©rir pour que lâHumain perde enfin ses attaches et sâĂ©panouisse dans la conquĂȘte de lâUnivers. Ajoutez ici un air symphonique [đș].
Ici, par le biais de cette technologie heureuse, on en arrive Ă se demander si ce Solarpunk ne serait pas, quelque part, la premiĂšre incarnation dâune sorte de nostalgie du progrĂšs.
Et cette idĂ©e de nostalgie mĂ©rite quâon sây attarde un peu plus.
đ¶ Nostalgie
Pour parler un peu plus de Nostalgie, nous allons nous tourner vers Simon Reynolds [đ], journaliste et critique musical britannique, auteur dâune jolie petite bible nommĂ©e Retromania [đ]
Difficile de rĂ©sumer tout le propos de Retromania en quelques lignes. Et pourtant, on va tenter le coup⊠Dans les plus des 400 pages de ce pavĂ©, Simon Reynolds ne se pose quâune seule question : au tournant des annĂ©es 2000, est-ce que la musique a perdu toute crĂ©ativitĂ© et nâest plus quâun Ă©ternel regard nostalgique sur le passĂ© ? Pour dĂ©marrer ce constat, il se base notamment sur diffĂ©rents mouvements technologiques autour de la musique : le piratage [đ»] du dĂ©but des annĂ©es 2000 et Ă sa suite le streaming qui a mis Ă disposition de tout un chacun des sommes musicales colossales. Est-ce quâaujourdâhui notre consommation musicale sâest dĂ©tournĂ©e de la crĂ©ativitĂ© ? Et est-ce lâindustrie musicale elle-mĂȘme a tournĂ©e le dos Ă cette mĂȘme crĂ©ativitĂ© pour ne voir que les bĂ©nĂ©fices faciles de compilations Ă outrance ?
Câest bien entendu plus compliquĂ© que cela. Dans le chapitre 6 de Retromania, Simon Reynolds essaie par exemple de savoir quand les mondes de la musique et de la mode ont cessĂ© dâinnover et Ă commencer Ă recycler, maladivement, les tendances du passĂ©. Il situe cela Ă la charniĂšre des annĂ©es 1966-67, quand dans les rues de Londres les robes CourrĂšges et Paco Rabanne ont laissĂ© la place aux vĂȘtements chinĂ©s dans les marchĂ©s de Soho et de Carnaby Street. Citation :
« Au fil de lâexposition, je dĂ©celai une transition survenant vers 1966-67. Presque du jour au lendemain, la dimension futuriste sâĂ©vanouit intĂ©gralement. Ce tournant paraissait dâabord subtil, comme ce modĂšle de Mary Quant inspirĂ© des tenues des gouvernantes de lâentre-deux-guerres. Mais lâavĂšnement du psychĂ©dĂ©lisme vit les jeunes adopter un style Ă©tranger Ă la modernitĂ© et au monde occidental industrialisĂ©. La grammaire de la mode de la fin des annĂ©es soixante relevait soit de lâexotisme temporel (influences victoriennes, Ă©douardiennes, des annĂ©es vingt et trente), soit de lâexotisme gĂ©ographique (idĂ©es prĂ©levĂ©es au Moyen-Orient, en Inde ou en Afrique). »
Ă partir de cette date, lâauteur se livre Ă un voyage dans le temps pour identifier lâensemble des signes de cette nostalgie qui va envahir petit Ă petit lâensemble du paysage musical anglo-saxon : du Trad Jazz au Rare Soul, jusquâĂ la vague rĂ©tro des annĂ©es 80 et les reprises des morceaux sixties par Softcell [đż]. Et cetera. Et cetera.
Lâouvrage mĂ©rite largement dâĂȘtre parcouru pour lâexploration sans faille de la musique quâil est, et pour ce voyage Ă travers la nostalgie musicale qui Ă©voque bien des choses.
đ ApartĂ©. Tiens, pour complĂ©ter la question de la nostalgie musicale et de son marchĂ©, on pourra sâatteler Ă la lecture des derniers chapitres de lâhistoire des Beatles par FrĂ©dĂ©ric Granier [đ]. Lâauteur y dĂ©taille la façon dont sâest construit lâhĂ©ritage, et surtout lâhistoire dĂ©sormais officielle des FabâFour, gommant petit Ă petit Pete Best [đ] et Stuart Sutcliffe [đ] de lâiconographie officielle, et lissant les conflits et dissentions internes du groupes.
đ Espaces
Mais câest quoi au juste la Nostalgie ? Le plus simple, câest dâouvrir un dictionnaire. Au hasard les TrĂ©sors de la Langue Française InformatisĂ©e [đ»] disponible en ligne qui entre de multiples interprĂ©tations du terme nous lĂąche :
Regret mélancolique d'une chose, d'un état, d'une existence que l'on n'a pas eu(e) ou pas connu(e).
Et câest lĂ que cela devient intĂ©ressant : on peut trĂšs bien ĂȘtre nostalgique dâune chose que lâon nâa jamais Ă©prouvĂ©. Dâun fantasme, dâune idĂ©e, dâun rĂȘve ou dâune Ă©poque. La publicitĂ© par exemple le dĂ©montre trĂšs bien, faisant de la nostalgie un levier fort de sa narration. Un exemple : lâune des derniĂšres campagnes du constructeur automobile Renault, pour son modĂšle Megane E-Tech.
Le film, assez long et qui a dĂ» coĂ»ter son poids de lithium en droits divers, met en scĂšne le conducteur dâune Megane E-Tech. Rien de bien fou. Mais attendez⊠Dans son pĂ©riple de quelques minutes, ce conducteur va tout dâabord dĂ©passer Peter Fonda et Denis Hopper, tous droits sortis dâune scĂšne dâEasy Rider [đ„] â jâavais promis dây revenir â et faire quelques kilomĂštres avec eux. JusquâĂ ce que ceux-ci sâarrĂȘtent Ă une station-service pour faire le plein de leurs bĂ©canes. Le conducteur Renault, lui, nâa pas besoin de faire le plein. Il roule en Ă©lectrique, malin quâil est. Ce qui lui permet de continuer sa route et de croiser un peu plus loin le chemin de Thelma et Louise [đ„], autres fameux personnages de road-movie amĂ©ricain. Elles aussi feront le plein plus loin, laissant Jean-Michel Renault profiter de cette libertĂ© que seule une Renault MĂ©gane E-Tech peut lui offrir. Grand espace. DĂ©sert. Packshot. Sourire nostalgique sur le visage du tĂ©lĂ©spectateur.
En séquence, cela donne cela :
VoilĂ donc Ă quoi ressemble la nostalgie publicitaire aujourdâhui. Et elle colle parfaitement Ă la dĂ©finition retrouvĂ©e dans le TLFi : le regret mĂ©lancolique d'une chose, d'un Ă©tat, d'une existence que l'on n'a pas eu(e) ou pas connu(e).
Car, convenons-en, peu des conducteurs actuels - et mĂȘmes futurs - de Renault Megane E-Tech doivent avoir connu les grands espaces amĂ©ricains, les trips au LSD [đ„] ou Brad Pitt dans sa prime jeunesse [đ°].
đ ApartĂ©. De toutes façons, pour la publicitĂ©, les vieux, cela nâexiste pas. Il nây a que des Nolds [đ°] ! Na !
đ» Internet
De lĂ Ă se dire que lâon peut avoir de la nostalgie pour quelque chose qui nâa finalement jamais existĂ©, il nây a pas Ă©normĂ©ment de pas Ă franchir. Et câest avec Lucie Ronfaut â toujours incroyablement pertinente â que nous allons franchir ces quelques pas.
Dans un numĂ©ro de sa lettre #RĂšgle30 datĂ© de lâautomne dernier, Lucie Ronfaut Ă©voque, entre autre, les fermetures successives des vieux services du Net (Omegle, Skyblog [đ»], etc.) et la nostalgie qui accompagne souvent ces fermetures [â]. Vous partagez certainement ces mĂȘmes sentiments : le Web, quand mĂȘme, câĂ©tait mieux avant, plus libre, plus drĂŽle, moins politique, moins polĂ©mique etc.
La lettre alerte tout de mĂȘme sur les dĂ©formations de la rĂ©alitĂ© dont nous pourrions ĂȘtre les victimes :
« Ă une Ă©poque oĂč plusieurs sites que l'on a connus et aimĂ©s ferment ou se dĂ©tĂ©riorent, il est logique de regretter un temps oĂč l'on s'amusait davantage en ligne. Quitte Ă oublier les nuances de nos quotidiens connectĂ©s d'alors. Je pense beaucoup Ă ce sujet depuis mon enquĂȘte sur les Skyblogs, il y a quelques annĂ©es. Ă cette occasion, on m'a racontĂ© des histoires tendres d'adolescence faite de GIFs pailletĂ©s et de police arc-en-ciel. J'ai aussi (re)dĂ©couvert des affaires de cyberharcĂšlement et de violence en ligne, Ă peine modĂ©rĂ©es par la plateforme. »
Câest le double problĂšme de la nostalgie : elle est Ă la fois un miroir dĂ©formant â qui peut garantir que ses souvenirs sont dâune exactitude exemplaire ? pas mĂȘme un ministre de lâĂducation Nationale [đ°] â et est forcĂ©ment partiale et subjective. Notre nostalgie est peut-ĂȘtre le reflet dĂ©formĂ© dâune rĂ©alitĂ© qui nâa jamais existĂ©, et qui nâa jamais Ă©tĂ© vĂ©cue par la majoritĂ© des personnes. Et de conclure de maniĂšre implacable :
« Dans tous les cas, la question n'est pas de se demander si c'Ă©tait mieux avant, ou mĂȘme si c'Ă©tait pire, mais ce qu'on regrette vraiment. Un web plus petit et moins dominĂ© par les grandes entreprises n'est pas une protection magique contre la toxicitĂ©. Un web Ă©trange oĂč l'on riait davantage implique de rĂ©flĂ©chir Ă qui apprĂ©ciait cet humour, et qui en Ă©tait Ă©ventuellement victime. Un web plus libre, mais pour qui ? On peut reconnaĂźtre que la violence s'est aggravĂ©e et a mutĂ© avec les outils technologiques, et aussi qu'elle a toujours existĂ© sous d'autres formes. Peut-ĂȘtre que ce qui nous manque, finalement, c'est une Ă©poque oĂč personne ne nous demandait de rĂ©flĂ©chir Ă ces sujets difficiles. »
Voilà en tout cas de quoi réfléchir aux piÚges tendues par la nostalgie.
đ ApartĂ©. On avait dĂ©jĂ abordĂ© cette question, dĂ©cidĂ©ment passionnante, de la pluralitĂ© des Web, et de ce que vos souvenirs dâexpĂ©riences en ligne peuvent ne pas ĂȘtre mes propres souvenirs, simplement parce que le Net nâest pas un tout mais une juxtaposition de multiples micro-communautĂ©s. CâĂ©tait dans Il n'y a pas un web, il y a des Webs.
Mais revenons Solarpunk.
đ FusĂ©es
La question des fusĂ©es dans une nouvelle de science-fiction est triviale. La SF se nourrit dâimaginaires, et lâexploration spatiale est un imaginaire populaire, vieux comme⊠au moins tout ça [đ]. Mais son utilisation dans un genre comme le Solarpunk ou le Hopepunk qui se veut porteur dâespoir est symptomatique. Symptomatique de la place quâoccupe toujours la technologie dans nos imaginaires.
On voit rĂ©guliĂšrement ressortir sur le Web cette sĂ©rie de cartes illustrĂ©es des annĂ©es 1900 mettant en scĂšne ce quâon imaginait alors ĂȘtre lâAn 2000 : des aĂ©ronefs individuels, des tĂ©lĂ©phones augmentĂ©s du cinĂ©matographe, des robots jardiniers ou encore des femmes de mĂ©nage automatisĂ©es [đŒ]. Des visuels accompagnĂ©s soit dâun commentaire sarcastique â du style On nous avait promis des voitures volantes⊠[đ°] â soit dâune remarque candide sur lâinventivitĂ© humaine et son envie intarissable de progrĂšs.
La vĂ©ritĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e par ces images est peut-ĂȘtre un peu plus triste que cela. Comme on fantasme toujours Claude Sautet [đ„] et sa sociĂ©tĂ© de copains, de fumeurs et e voitures sans ceinture â et pourtant, jâadore les films de Claude Sautet â, on continue de fantasmer les voitures volantes et les fusĂ©es. On continue en fait de fantasmer un progrĂšs et une technologie qui nâa pas Ă©voluĂ©e depuis les nouvelles dâAsimov, dâArthur C. Clarke et lâĂąge dâor de le SF amĂ©ricaine, celle des annĂ©es 1950. Regardez donc les derniers postes des ambassadeurs du mĂ©taverse, de lâintelligence artificielle ou de la conquĂȘte spatiale sur LinkedIn. Ne fleurent-ils pas bon lâatomic-age ?
Mais⊠comment appelle-t-on des personnes qui nâont pas changĂ© de rĂȘves depuis plus de 70 ans ? Comment appellent-on des personnes qui ne savent pas adapter leurs espĂ©rances Ă la rĂ©alitĂ© qui les entoure, aux changements du monde, de notre environnement, de notre sociĂ©tĂ©, de notre planĂšte ? Comment appelle-t-on des gens qui veulent toujours coloniser Mars en dĂ©pit des limites planĂ©taires ?
Quel autre mot utiliser que : nostalgiques ?
Peut-ĂȘtre serait-il temps de rĂ©aliser que les nostalgiques, ceux qui vantent le retour Ă un modĂšle passĂ© et refusent dâĂ©voluer, ne sont pas ceux que lâon croit.
Je vous laisse gamberger lĂ -dessus ?








