đ Une Autre Histoire | Cybernetruc #18
On parle d'imaginaires, et du besoin de les réinventer. On parle d'Aristote, d'Alice Zeniter, d'Ursula K. Le Guin, de loups et de vers de terre, d'hommes préhistoriques et de paniers. Vous venez ?
Cybernetruc explore nos imaginaires technologiques et numĂ©riques. Ă chaque Ă©dition, on divague, on digresse et⊠on nâa pas forcĂ©ment les rĂ©ponses. Vous ĂȘtes dĂ©sormais plus de trois cents â wahoo! âĂ lire cette aventure Ă©crite. Bonne lecture !Â
Cela commence, comme souvent, en lisant quelques lignes dâun livre, et cela part ensuite dans beaucoup de directions. Ce nâest pas grave. Et si au passage vous souhaitez lire cette lettre en Ă©coutant du Jean-Jacques Goldman, ne vous gĂȘnez surtout pas. đ
đ§ș Fiction
Cela commence donc, comme je le disais, avec une lecture. Celle du Je suis une fille sans histoire dâAlice Zeniter, conseillĂ©e par je ne sais plus qui â par @norev, jâai retrouvĂ© entre deux relectures de ce brouillon â sur Mastodon suite au partage de quelques autres extraits et conseils de lecture. Le texte â câest un texte plus quâun livre â dâAlice Zeniter est riche et Ă©rudit, bourrĂ© de notes de bas de page, de monologues intĂ©rieurs et de rĂ©fĂ©rences croisĂ©es. Bref, tout ce que jâaime. Un texte plus quâun livre, puisquâAlice Zeniter nous y parle et converse clairement avec nous sur une centaine de pages.
Alice Zeniter parle, dans une grande partie de son texte, de la structure du rĂ©cit. Câest Ă dire de lâensemble des rĂšgles qui dĂ©finissent ce quâest une bonne â captivante, passionnante, intrigante â histoire et ce quâest une mauvaise â maladroite, bancale, ennuyeuse â histoire. Et ça tombe bien, parce que les manuels de construction dâhistoires ont Ă©tĂ© lâune de mes principales lectures sur ce dĂ©but dâannĂ©e, pour plein de raisons. Et la grande majoritĂ© de ces manuels lâexplique, la structure idĂ©ale dâun rĂ©cit nâa pas changĂ© depuis, pfff, au moins Aristote : une situation initiale, un Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur, une quĂȘte, un climax, une situation finale (remplacez ces mots par les vĂŽtres en fonction de votre Ă©cole de pensĂ©e ou de la derniĂšre mĂ©thode que vous avez lue). Ă pas mal de variations prĂšs, Ă mesure que chacun des auteurs de mĂ©thode apporte sa touche personnelle Ă la TragĂ©die aristotĂ©licienne, câest toujours plus ou moins la mĂȘme choseâŠ
Alice Zeniter cherche lâorigine de cette structure active du rĂ©cit. Quâest-ce qui fait que depuis si longtemps, on privilĂ©gie cette action Ă tout autre forme dâhistoire ?
Enfin, elle ne la cherche pas longtemps car elle a dĂ©nichĂ© une rĂ©ponse Ă sa question bien avant dâentamer sa propre Ă©criture : chez Ursula K. Le Guin, dans un article datant de 1986, The Carrier Bag Theory of Fiction â la ThĂ©orie de la Fiction-Panier en bon français. Ursula Le Guin y Ă©voque lâorigine des rĂ©cits humains.
Tentons de faire court, mĂȘme si lâarticle Ă©voquĂ© ici nâest pas bien long â vous pourrez toujours le lire en intĂ©gralitĂ© quand vous le souhaiterez : On peut faire remonter les premiĂšres traces de rĂ©cit Ă la prĂ©histoire. Lâart pariĂ©tal est un rĂ©cit, une histoire, une fiction⊠mĂȘme sâil peut dĂ©peindre une action qui sâest rĂ©ellement dĂ©roulĂ©e. Câest dâailleurs en partie lâintroduction dâAnne Zeniter : ce que nous ne vivons pas directement est fiction. Donc, mĂȘme les souvenirs de vacances de votre Directeur bien aimĂ© sont, pour vous, une fiction. Une histoire. Un rĂ©cit. Ursula K. Le Guin le constate, ces fictions prĂ©historiques sont marquĂ©es par la chasse. La chasse au mammouth ou Ă dâautres animaux. On en retrouve maints tĂ©moignages dans les grottes de par le monde.
Or, la majoritĂ© des scientifiques spĂ©cialistes des dĂ©buts de lâĂšre humaine sâaccordent sur un point : 65% Ă 80% de la nourriture des hominidĂ©s prĂ©historiques devait ĂȘtre constituĂ©e de vĂ©gĂ©taux, de graines, de racines, de baies, de feuilles, etc. Dans ce cas, alors que cet ĂȘtre humain Ă©mergeant se nourrissait majoritairement de graines et de fruits, pourquoi ne garde-t-on dans notre imaginaire que la chasse au mammouth ? Et, collatĂ©ral, pourquoi Hollywood associe-t-il la naissance de lâhumanitĂ© â au sens apparition des caractĂ©ristiques qui font de nous des humains â Ă cet os qui vole dans le ciel et devient un arme ?
Cette seconde question Ă©tant coquinement formulĂ©e par Ursula K. Le Guin elle-mĂȘme dans son article.
đ ApartĂ©. On ne va pas faire un article entier sur la prĂ©histoire, rassurez-vous. Mais on clĂŽturera cette discussion sur la vision fictionnelle de lâhomme prĂ©historique par deux transgressions :
1ïžâŁ - les premiers âinventeursâ de lâhumanitĂ© ont sans doute Ă©tĂ© des âinventricesâ. Ursula K. Le Guin se base pour expliquer cela sur les Ă©crits dâElizabeth Fisher et sa constatation que la premiĂšre invention humaine nâest certainement pas une arme, mais plutĂŽt un âpanierâ permettant de rapporter graines et fruits au camp. Mais de cette invention, et de ces inventrices, nulle trace sur les murs des grottes...
2ïžâŁ - cette citation, non totalement confirmĂ©e mais attribuĂ©e Ă Margaret Mead : âLe premier signe de civilisation dans une culture ancienne Ă©tait un fĂ©mur cassĂ© puis guĂ©ri.â [đ°].
â Questions
Retour au prĂ©sent. Des propos dâAlice Zeniter, on retient donc deux questions.
La premiĂšre pourrait ĂȘtre formulĂ©e de la façon suivante : Comment sortir des imaginaires violents et conflictuels du chasseur ?
La seconde, complémentaire, serait : Comment assurer une diversité, ou plutÎt une représentativité des récits ?
La premiĂšre question aurait trait Ă ce que lâon raconte, et la seconde Ă qui le raconte.
Que dit-on et qui parle ?
Vaste débat.
đż ReprĂ©sentation
On va commencer par la seconde question si vous voulez bien. Qui parle ? donc.
Cette question de la prise de parole dans la fiction â ou plutĂŽt de la reprĂ©sentation, puisque seul lâhumain peut prendre directement la parole par la fiction, Ă notre niveau de symbiose actuel en tout cas â on va donc lâaborder sous lâangle du non-humain. Avec un enjeu est de taille : celui de dĂ©finir, dâinstaurer, dâinitier de nouveaux imaginaires et de nouveaux types de rĂ©cit au-delĂ de la traditionnelle reprĂ©sentation humaine. Faire parler les animaux, les Ă©cosystĂšmes, la planĂšte, la natureâŠ
đ ApartĂ©. Pour ce qui est de la reprĂ©sentativitĂ© de cette mĂȘme nature dans le dĂ©bat public, on se tournera vers lâexcellent Qui Parle ? (pour les non-humains) signĂ© Aliocha Imhoff et Kantuta QuirĂłs, paru en 2022 et qui pose bien des bases Ă cette rĂ©flexion. Pour la suite de cette lettre, on restera dans le domaine de la fiction.
Pourquoi initier ces nouveaux types de rĂ©cits ? Parce quâon voit bien que la vision anthropo- et techno-centrĂ©e des rĂ©cits actuels, pour distrayante quâelle reste, pose problĂšme et ne rĂ©pond plus forcĂ©ment aux dĂ©fis planĂ©taires Ă venir.
On lâĂ©voquait dans la derniĂšre lettre Cybernetruc, [đ Nostalgie] en janvier dernier, en abordant les limites des genres solar- et hope-punk. Ă quelques exceptions prĂšs, ces rĂ©cits ne font bien souvent pas leur deuil de la technologie ou de la violence, mĂȘme sâils sây essaient souvent. Ils masquent le moment de bascule entre notre monde actuel â capitaliste et technotrophiĂ© â et le monde idĂ©al et plus naturel quâils entendent dĂ©peindre. Une bascule faite en gĂ©nĂ©ral de conquĂȘte spatial et dâexil du capitalisme, Ă lâimage de celle dĂ©crite dans les romans de lâĂąge dâor de la SF amĂ©ricaine.
On rĂ©agira en arguant que la littĂ©rature nâa pas Ă trouver des solutions aux problĂšmes du monde. Et câest vrai. Mais le trou dâair dâimaginaires reste-lĂ et par de nombreux aspects, les Ă©crits les plus transgressifs de la littĂ©rature positive gardent une foi trĂšs forte en la technologie et une teinte, disons, assez nostalgique. Et surtout, sâils prĂ©sentent un univers tentĂ© par la prĂ©servation de lâenvironnement, ils ne donnent jamais la parole Ă lâautre. Le non-humain, lâanimal, le vĂ©gĂ©tal, la nature. Et ne renouvellent pas totalement nos imaginaires, notre façon de penser, de raconter, dâĂ©crire.
đ ApartĂ©. Petite prĂ©cision : vous lâavez compris, je nâaborderai pas ici la question de la prise de parole fĂ©minine, ou de celle des minoritĂ©s, dans la fiction. Pourtant, dans les deux textes Ă©voquĂ©s plus haut, Alice Zeniter de Ursula K. le Guin sâemparent trĂšs bien du problĂšme de la surreprĂ©sentation masculine dans le rĂ©cit traditionnel : Ă quel point la surpondĂ©ration du conflit â mais ça on va y revenir â permet de faire vivre les rĂ©cits dans un imaginaire quasi-exclusivement masculin. IndĂ©pendamment, finalement, du genre des personnages.
Si vous ĂȘtes en mal de lecture sur ces sujets, penchez-vous au passage sur Le Futur au pluriel : rĂ©parer la science-fiction de Ketty Steward paru en 2023 qui lui aussi aborde la question de la reprĂ©sentativitĂ©.
đș Animal
Mais revenons Ă la nature.
Ma culture gĂ©nĂ©rale nâallant pas assez loin pour identifier des rĂ©cits transposant la vie dâun vĂ©gĂ©tal â mĂȘme si jâimagine bien que quelques histoires dâarbres doivent exister â jâai cherchĂ© quelques histoires mettant en scĂšne des animaux, en laissant de cotĂ© pour lâinstant les livres pour enfant et les documentaires. Les premier rĂ©cits Ă©crits qui viennent en tĂȘte, on les trouve du cĂŽtĂ© des classiques : du cĂŽtĂ© de Jack London â Croc Blanc, LâAppel de la ForĂȘt â, sans doute un peu de Ruyard Kipling et de son Livre de la Jungle ou encore de Bernard Werber et de ses Fourmis â oui, mes imaginaires datent peut-ĂȘtre un peu.
On pensera Ă©galement, du cĂŽtĂ© de la science-fiction, Ă Vernor Vinge, dĂ©cĂ©dĂ© rĂ©cemment, et Ă ses loups Ă lâesprit de meute dans Un Feu sur lâabĂźme. Des rĂ©cits qui, sans trop de mal, nous transposent dans cet univers animal que nous recherchons et ouvrent â ouvraient en tout cas au moment de leur premiĂšre publication â Ă de nouvelles reprĂ©sentations.
Ils gardent toutefois le dĂ©faut de tirer parfois un peu la corde de lâanthropomorphisme, et de conserver, souvent, cette structure de rĂ©cit classique et conflictuelle : oui, les chiens et les loups de Jack London nous semblent rĂ©alistes et nous projettent dans une rĂ©alitĂ© animale. Mais dans une rĂ©alitĂ© façonnĂ©e autour du conflit et de la survie qui nâest pas sans rappeler lâimaginaire du chasseur que lâon Ă©voquait plus haut. Encore une fois, une rĂ©alitĂ© tragique.
Attention, je ne dis pas quâil nây a pas de conflits dans la nature. Je dis que ceux-ci sont surreprĂ©sentĂ©s dans la fiction, y compris quand celle-ci est inspirĂ©e de la nature !
đ ApartĂ©. Un parallĂšle, au passage : rares Ă©galement sont les rĂ©cits de science-fiction dans lesquels les robots sâincarnent sans prendre les travers humains dâagressivitĂ© et de goĂ»t du conflit. Câest quâon garde en tĂȘte que les robots ne veulent quâune seule chose : devenir humain.
Bon, blague Ă part, on gardera peut-ĂȘtre en tĂȘte quelques Ă©crits de Becky Chambers (encore) et de Roger Zelazny, Ă relire et Ă confronter Ă cette idĂ©e.
đ TragĂ©die
On en revient Ă ce quâĂ©voquait Romain Lucazeau dans le n°9 de Metal Hurlant Ă propos des futurs dĂ©sirables et du rĂŽle distrayant de la science-fiction :
« Ce quâon cherche dans la littĂ©rature, de mon point de vue, câest dâĂȘtre bousculĂ©, chamboulĂ©, transformĂ©, toucher des choses qui sont hors de notre cadre conceptuel. Et si on entend, par la description dâune utopie dans un texte littĂ©raire, ĂȘtre rassurĂ© ou se sentir bien, je pense quâon loupe complĂštement ce qui fait lâintĂ©rĂȘt de la littĂ©rature. Câest autre chose que de la littĂ©rature : câest le « feel good », le confort, le fait dâĂȘtre dĂ©tendu, le fait dâĂȘtre relaxĂ©. Il y a lâostĂ©opathie pour ça. » â Romain Lucazeau
Romain Lucazeau est caricatural dans cette interview, mais on peut considĂ©rer quâil sâagit aussi pour lui dâun exercice de style : incarner le bad-guy de la SF française dans un numĂ©ro du magazine qui pose clairement la question de lâutopie et de la dystopie. Il pointe toutefois un fait qui semble Ă©tabli pour nombre scĂ©naristes depuis⊠Aristote : pas dâhistoire sans combat ni douleur. Et lâutopie, dĂ©sirable par essence, ne vĂ©hicule malheureusement aucune douleur.
Et ce âtraversâ â je prends des pincettes â semble universellement Ă©tabli. Pour dĂ©monstration, jâai demandĂ© Ă ChatGPT, grand rĂ©vĂ©lateur des travers universels, de me conter la journĂ©e dâun pie, dâun ver de terre ou dâun brin dâherbe. Lâexercice vaut ce quâil vaut, mais il est intrigant, et il rĂ©pond Ă la premiĂšre question du Qui parle ? que lâon se posait plus tĂŽt. Le rĂ©sultat est sommes toutes assez banal.
Voici pour le ver de terre. Je vous épargne la journée entiÚre, ainsi que celle des autres animaux :
La nuit tire Ă sa fin et le sol se rĂ©chauffe doucement sous les premiers rayons du soleil. C'est le moment pour moi de commencer ma journĂ©e. Je quitte ma galerie souterraine, remontant Ă la surface pour me nourrir et accomplir mes tĂąches quotidiennes. [âŠ]
Aujourd'hui, je me sens chanceux. Les conditions météorologiques sont idéales, la terre est souple et facile à creuser. Je m'active donc à la recherche de nourriture, me nourrissant de matiÚre végétale en décomposition, contribuant ainsi au cycle naturel des nutriments.
Tout en me dĂ©plaçant sous terre, je ressens les vibrations du monde au-dessus de moi. Les pas des animaux qui parcourent la surface, le doux bruissement des feuilles agitĂ©es par le vent... Ces sensations me tiennent informĂ© de ce qui se passe dans mon environnement. [âŠ]ChatGPT sâexcuse dâailleurs de la miĂšvrerie et de la banalitĂ© du rĂ©cit, le temps dâune simple phrase de conclusion. Les mĂȘmes excuses sont formulĂ©es Ă la fin de lâhistoire du brin dâherbe :
Ma vie peut sembler simple, mais elle est essentielle Ă l'Ă©quilibre de cet Ă©cosystĂšme. En tant que humble ver de terre, je joue un rĂŽle crucial dans le maintien de la fertilitĂ© du sol et la santĂ© des plantes qui s'y enracinent. Mais, poussant le vice un peu plus loin, jâai voulu savoir comment rĂ©agirait mon ver de terre ou mon brin dâherbe face Ă la pollution engendrĂ©e par lâactivitĂ© humaine. Bien entendu, la vie est plus dure, mais⊠:
Pourtant, malgré tous ces obstacles, je refuse de baisser les bras. Je suis un combattant né, une créature de la terre, et je suis déterminé à survivre. Je creuse, je me faufile à travers la terre empoisonnée, à la recherche du moindre fragment de matiÚre organique.
Je suis conscient que ma survie est menacĂ©e, mais je refuse de cĂ©der Ă la fatalitĂ©. Je suis un humble ver de terre, mais je suis aussi un symbole de rĂ©sistance, un rappel de la force de la vie mĂȘme dans les conditions les plus hostiles. Tant qu'il me restera un souffle de vie, je continuerai Ă me battre, Ă creuser, Ă survivre.On passera rapidement sur le fait quâun ver de terre ne baisse pas les bras â oui, bon, voilà ⊠â pour se dire quâon retombe tout de mĂȘme bien vite dans les travers du rĂ©cit que lâon Ă©voquait plus haut : le combat, le conflit, la rĂ©silience.
Le ver de terre ne meurt pas quand le sol est polluĂ© et que la sĂ©cheresse sâabat sur son territoire. Non, non. Il se bat, il affronte cette adversitĂ© et compte bien survivre. Inconsciemment â oui, ChatGPT nâa pas de conscience â reproduit bien les schĂ©mas du rĂ©cit traditionnel. Câest dire si le modĂšle du rĂ©cit-chasseur est Ă©tabli.
On nâen sortira pas si facilement semble-t-il, si demain les intelligences artificielles nous racontent des histoires pour nous endormir.
đ ApartĂ©. Les documentaires nâĂ©chappent pas non plus Ă ce besoin de drama, loin de lĂ . Rares sont les documentaires animaliers dans lesquels lâanimal-star ne risque pas sa vie. Yves Lavandier, dans son Construire un rĂ©cit applique au documentaire les mĂȘmes rĂšgles de construction et dâĂ©criture quâĂ nâimporte quelle fiction : un protagoniste, des obstacles, etc.
đł Imaginaires
Il en existe pourtant des récits sans conflits. Sans conflits ne voulant pas dire sans évolutions, sans voyages ou sans histoires. Loin de là .
« Jâai dit quâil Ă©tait difficile de faire un rĂ©cit captivant en racontant comment nous avons arrachĂ© les graines dâavoine sauvage de leurs enveloppes, je nâai pas dit que câĂ©tait impossible. Qui a jamais dit quâil Ă©tait facile dâĂ©crire un roman ? » â Ursula K. Le Guin
On repense Ă Becky Chambers et Ă son Psaume pour les recyclĂ©s sauvages, ou on vous conseille lâHorizon de Didier Lesaffre, une nouvelle parue dans le septiĂšme volume du toujours trĂšs bon Novelliste et qui, si elle nâest pas centrĂ©e sur la vie animale, ne raconte ni le combat, ni le renoncement. Seulement la vie. Des rĂ©cits par ailleurs passionnants, agrippants, qui se contentent â oui, le terme est malheureux â de suivre leur cours sans y ajouter de drama ou en surpondĂ©rer les combats. Des rĂ©cits qui changent nos horizons, nos idĂ©es, nos imaginaires.
đ Dernier apartĂ©. Depuis quelques semaines, la CitĂ© EuropĂ©enne des ScĂ©naristes se penche sur la façon dont lâĂ©criture peut influer sur les imaginaires et la politique. Une sĂ©rie dâarticles signĂ©e Pauline Mauroux (Tchik-Tchak sur Substack) que je recommande tout particuliĂšrement.
Des rĂ©cits qui rĂ©pondent aussi, parfois, Ă notre besoin de plus en plus flagrant dâhorizons, de diversitĂ©, de solutions et dâespoir. Ă notre besoin de rĂ©-imaginer le monde et de sortir de lâimaginaire du combat et de lâappropriation.
Quâest-ce quâon attend, bordel, pour les Ă©crire et les transmettre ?
Je vous laisse gamberger lĂ -dessus ?








[Une newsletter, ça vit aussi. Aussi, viennent de temps en temps en commentaire des digressions ou des références qui complÚtent son propos...]
Sur les conseils de Delphine Brondan s'ajoute aux références et lectures de cet article le trÚs beau Autobiographie d'un Poulpe de Vinciane Despret (Acte Sud : https://www.actes-sud.fr/autobiographie-dun-poulpe) qui pose la question des littératures animales avec énormément de sérieux et d'imagination. et si nous étions capable de lire les épopées de fourmis ou la poésie des carpes ? Ou l'autobiographie inquiÚte des poulpes ? Documenté (intensément) et captivant !
Merci de mettre en valeur la Revue de la CitĂ© europĂ©enne des scĂ©naristes et notre derniĂšres sĂ©rie sur Comment les scĂ©naristes rĂ©inventent la politique ! đđŒ Ainsi que ma newsletter tchik tchak :)